Guerre d'Algérie
De gauche à droite, 1er rang : colonne de l'ALN ; patrouille deM8 Greyhound de l'Armée française ; Pieds-Noirs duConstantinois s'organisant en groupes d'autodéfense. 2e rang : discours de Charles de Gaulle au GG d'Alger (« Je vous ai compris ») ; rassemblement d'« Européens » au Forum d'Alger le13 mai 1958 avec bannières « de Gaulle au pouvoir » et « Ville d'Hussein Dey » ; anciens combattants musulmans « harkis » au Forum en 1958. 3e rang : insurrection de la semaine des barricades en janvier 1960 ; émeutiers anti-indépendantistes duFAF jetant des pierres aux M8 Greyhound de l'Armée française le9 décembre 1960 ; soldat français utilisant un détecteur de métaux pour vérifier que des musulmanes en hayek ne dissimulent ni bombe ni arme. 4e rang : émeute FLN à Bab el Oued du 10 décembre 1960 ; gardes mobiles utilisant un lance-grenades défensives à Alger ; sympathisants FLN face à face avec les parachutistes français durant la manifestation FLN du 10 décembre 1960.
Informations générales
Date
1er novembre 1954-9 septembre 19621
7 ans, 8 mois et 4 jours
Lieu
Algérie française
Sahara français
France
Tunisie
Casus belli
Toussaint rouge (1er novembre 1954)
Issue
Accords d'Évian
Indépendance de l'Algérie
Exode des pieds-noirs
Changements territoriaux
Perte des départements français d'Algérie et du Sahara pour la France
Unification de l'Algérie et du Sahara
Belligérants
FLN
MNA
PCA (1954-1956)
France
MPC (1961-1962)
FAF (1960-1961)
OAS (1961-1962)
Commandants
Krim Belkacem
Mostefa Ben Boulaïd
Ferhat Abbas
Larbi Ben M'Hidi
Rabah Bitat
Mohamed Boudiaf
Lakhdar Bentobal
Pierre Mendès France
Guy Mollet
René Coty
Jacques Massu
Maurice Challe
Charles de Gaulle
Jacques Dauer
Saïd Boualam
Pierre Lagaillarde
Raoul Salan
Edmond Jouhaud
Antoine Argoud
Jean-Jacques Susini
Roger Degueldre
Jacques Soustelle
Georges Bidault
Jean Bastien-Thiry
Forces en présence
30 000
460 000
3 000 (OAS)
Pertes
300 000-460 000 morts en très grande partie des civils, 1 million et demi selon l'État algérien
• 28 500 morts
• 65 000 blessés
• 30 000 à 90 000 morts harkis
4 000 à 6 000 civils européens
• 100 morts (OAS)
• 2 000 prisonniers (OAS)
Notes
Armes de la Guerre d'Algérie
Batailles
Du 1er novembre 1954 au 19 mars 1962
Toussaint Rouge — Opération Eckhmül — Opération Aloès — Opération Véronique — Opération Violette —Opération Timgad — Bataille d'El Djorf — Opération Massu — Embuscade de Palestro — Bataille d'Alger —Bataille de Bouzegza — Coup du 13 mai — Opération Résurrection — Opération Couronne — Opération Brumaire — Semaine des barricades — Manifestation de Décembre 1960 — Putsch des Généraux — Combat du Fedj Zezoua — Plan Challe Du 19 mars 1962 au 5 juillet 1962
Bataille de Bab el Oued — Fusillade de la rue d'Isly
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La guerre d’Algérie ou Révolution algérienne (mais également guerre d'indépendance algérienne ou guerre de libération nationale), est un conflit qui se déroule de 1954 à 1962, principalement sur le territoire de l'Algérie, avec également des répercussions en France métropolitaine. Elle est avant tout une guerre d'indépendance opposant desnationalistes algériens, principalement réunis sous la bannière du Front de libération nationale (FLN), à l'État français. Elle est aussi une double guerre civile, entre les communautés d'une part et à l'intérieur des communautés d'autre part2.
Elle entraîne de graves crises politiques en France, avec pour conséquences le retour au pouvoir de Charles de Gaulleet la chute de la Quatrième République, remplacée par la suite par la Cinquième République. Après avoir donné du temps à l'armée pour écraser définitivement l'insurrection en utilisant tous les moyens à sa disposition, De Gaulle penche finalement pour l'autodétermination en tant que seule issue possible au conflit, ce qui conduit une fraction de l'armée française à se rebeller et entrer en opposition ouverte avec le pouvoir, rapidement matée. Le conflit débouche, après les Accords d'Évian du 18 mars 1962, sur l'indépendance de l'Algérie le 5 juillet suivant, et entraîne l'exode de la population des Européens d'Algérie, dits Pieds-Noirs, ainsi que le massacre de plusieurs dizaines de milliers de musulmans pro-français3.
Le terme officiellement employé à l'époque par la France était « événements d'Algérie », bien que l'expression « guerre d'Algérie » ait eu cours dans le langage courant. L'expression « guerre d'Algérie » a été officiellement adoptée en France le 18 octobre 19994.
Cette période de combats armés et d'échanges diplomatiques est désignée en Algérie, et à l'époque par les partisans de l'indépendance, sous les termes de « Révolution algérienne »5.
Sommaire
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1 Contexte
2 Divergences de qualification juridique et enjeux politiques
2.1 Remarque historiographique
2.2 Terminologie
2.3 Refus français de la qualification de « guerre »
2.4 Conséquences du statut
2.5 Reconnaissance des crimes
2.6 Conflit nationaliste et relations franco-algériennes
2.6.1 La nation algérienne
2.6.2 « La guerre des mémoires »
2.6.2.1 Histoires nationales
2.6.2.2 Commémoration du 19 mars
2.6.2.3 Accusations réciproques de « crimes contre l'humanité »
2.6.3 Qualification des combattants
3 Contexte socio-économique
3.1 Société algérienne
3.1.1 Évolution démographique
3.1.2 Droit commun et droit coranique
3.2 Économie algérienne
3.3 Économie française
4 Contexte politique
4.1 Côté français
4.1.1 L’évolution vers un engagement européen, contradictoire avec le maintien de l’ancien Empire
4.1.2 La fin de la guerre d'Indochine et la décolonisation de l'Union française
4.1.3 L’impossibilité des réformes sous la IVe République
4.1.4 Les combattants européens d'Algérie dans l'armée française
4.1.5 Les combattants musulmans d'Algérie dans l'Armée française
4.2 Côté algérien
4.2.1 Mouvement national algérien pour la revendication au droit
4.2.2 Le massacre du 8 mai 1945
4.2.3 De 1945 à 1954
4.2.4 Le Front de libération nationale
4.2.5 L’appel au peuple algérien
4.2.6 Les combattants Européens d'Algérie dans le F.L.N.
4.2.7 Les soutiens étrangers au FLN
5 Les faits importants de la guerre
6 Chronologie
6.1 La IVe République et la conduite des affaires algériennes (1954-1958)
6.1.1 Attentats et État d'urgence (novembre 1954-juillet 1955)
6.1.2 Massacres du Constantinois (20-26 août 1955)
6.1.3 Journée des tomates (février 1956)
6.1.4 Opération Oiseau bleu (1956)
6.1.5 L'aspirant Maillot, Palestro (avril-mai 1956)
6.1.6 Le Congrès de la Soummam (août 1956)
6.1.7 Affaire égyptienne (1956)
6.1.8 Détournement de l'avion de Ben Bella (octobre 1956)
6.1.9 L'appel au contingent (1956-1957)
6.1.10 Massacre de Melouza (1957)
6.2 Intensification des hostilités (1957-1958)
6.2.1 La bataille d'Alger (7 janvier - 24 septembre 1957)
6.2.2 Affaire tunisienne (1957-1958)
6.2.3 Bleuite (1957-1958)
6.2.4 Putsch d'Alger et Comité de salut public (mai 1958)
6.3 De Gaulle et la conduite des affaires algériennes (1958-1962)
6.3.1 Retour aux affaires et Ve République (septembre 1958-1959)
6.3.2 Plan Challe (1959-1961)
6.3.3 Semaine des barricades (janvier 1960)
6.3.4 Affaire Si Salah (juin 1960)
6.3.5 Manifestation et émeutes de décembre 1960
6.3.6 Putsch des généraux (avril 1961)
6.3.7 La partition de l'Algérie en question (1961)
6.3.8 Nouvelle affaire tunisienne (juillet 1961)
6.3.9 Organisation armée secrète (1961-1962)
6.3.10 Cessez-le-feu et référendum en métropole (mars 1962)
6.3.11 Bataille de Bab El-Oued (mars 1962)
6.3.12 Fusillade de la rue d'Isly (mars 1962)
6.3.13 Attentat du port d'Alger (2 mai 1962)
6.3.14 Exode des Pieds-Noirs (été 1962)
6.3.15 Accords secrets OAS-FLN (juin 1962)
6.3.16 Résolution de l'affaire algérienne (juillet 1962)
6.3.17 Massacre d'Oran (juillet 1962)
6.4 Guerre vécue par les communautés d'Algérie (1954-1962)
6.4.1 Communauté musulmane durant la guerre
6.4.2 Communauté européenne durant la guerre
6.4.3 Communauté juive durant la guerre
6.5 Guerre vécue de la métropole (1954-1962)
6.5.1 Contrôle de l'information par l'État (1954-1962)
6.5.2 Camps d'assignation à résidence (1957-1962)
6.5.3 Manifestations en soutien de l'armée française en Algérie (1957, 1958)
6.5.4 Manifestations pacifistes (1960-1962)
6.5.5 Réseau Jeanson (1960)
6.5.6 Assassinat de Camille Blanc, maire d'Évian (1961)
6.5.7 Attentats du FLN contre la police (1958-1961)
6.5.8 Manifestations en soutien du FLN (1961)
6.5.9 Attentats de l'OAS (1962)
6.5.10 Affaire de la station de métro Charonne (février 1962)
6.5.11 Affaire Bastien-Thiry (août 1962)
7 Bilan
7.1 Bilan humain
7.1.1 Les pertes françaises
7.1.2 Les pertes algériennes
7.2 Amnisties françaises
7.2.1 Durant la guerre
7.2.2 Après la guerre
7.3 Amnisties algériennes
8 La guerre d'Algérie au niveau international
8.1 Aux Nations unies
8.2 Aux États-Unis
8.3 En Suisse
8.4 En Italie
8.5 En Espagne
8.6 En Union soviétique
8.7 En Chine populaire
9 Aspects militaires de la guerre d'Algérie
9.1 Formations et unités : nomenclature
9.1.1 Forces françaises
9.1.2 Forces supplétives de l'armée française
9.1.3 ALN-FLN
9.2 Unités engagées
9.3 Armements utilisés
9.3.1 Lexique
9.3.2 Armes de poing
9.3.3 Pistolets mitrailleurs
9.3.4 Fusils et carabines
9.3.5 Fusils semi automatiques
9.3.6 Fusils mitrailleurs
9.3.7 Mitrailleuses
9.3.8 Bombes
10 Controverses
10.1 Des deux côtés
10.2 Côté français
10.3 Côté algérien
11 Voir aussi
11.1 Bibliographie indicative
11.1.1 Généralités
11.1.2 Articles et documents annexes
11.1.3 Témoignages
11.1.4 Sources primaires
11.2 Articles connexes
11.2.1 Histoire de l'Algérie
11.2.2 Protagonistes
11.2.3 Modèle de guerre
11.2.4 Guerre secrète
11.3 Filmographie
11.3.1 Films
11.3.2 Documentaires
11.4 Romans et œuvres littéraires sur la guerre d'Algérie
11.5 Liens et documents externes
11.5.1 Archives média
12 Notes et références
Contexte[modifier | modifier le code]
La guerre d'Algérie prend place dans le mouvement de décolonisation qui affecta les empires occidentaux après la Seconde Guerre mondiale. Elle s'inscrit dans le cadre du combatanti-impérialiste.
Elle oppose principalement l'armée française, faisant cohabiter commandos de troupes d'élite (parachutistes, légionnaires), goums marocains (jusqu'à leur dissolution en avril 1956), forces de maintien de l'ordre (gardes mobiles, CRS), appelés du contingent et supplétifs indigènes (harkis, moghaznis), à l'Armée de libération nationale (ALN), branche armée duFront de libération nationale (FLN) à l'origine de l'insurrection.
Le conflit se double d'une guerre civile et idéologique à l'intérieur des deux communautés, donnant lieu à des vagues successives d'attentats, assassinats et massacres sur les deux rives de la Méditerranée. Côté algérien, elle se traduit par une lutte de pouvoir qui voit la victoire du FLN sur les partis algériens rivaux, notamment le Mouvement national algérien (MNA) et par une campagne de répression contre les Algériens pro-français soutenant le rattachement de l'Algérie à la République française. Par ailleurs, elle suscite côté français l'affrontement entre une minorité active hostile à sa poursuite (mouvement pacifiste), une seconde favorable à l'indépendance (les « porteurs de valises » du Réseau Jeanson, le Parti communiste algérien), et une troisième voulant le maintien de l'« Algérie française » (Front Algérie française, Jeune Nation, Organisation armée secrète (OAS)).
Selon Guy Pervillé, le nombre d'Algériens engagés dans l'un et l'autre camp (partisans de la présence française et FLN) serait du même ordre de grandeur.
Cette guerre s'achève à la fois sur la reconnaissance de l'indépendance de l'Algérie le 3 juillet 1962 lors d'une allocution télévisée du général de Gaulle, à la suite du référendum d'autodétermination du 1er juillet prévu par les accords d'Évian du 18 mars 1962, sur la naissance de la République algérienne démocratique et populaire le 25 septembre, et sur l'exode d'une grande partie des Pieds-Noirs (au nombre d'un million) qui refusent d'accepter l'indépendance de ce pays[réf. nécessaire].
Divergences de qualification juridique et enjeux politiques[modifier | modifier le code]
Remarque historiographique[modifier | modifier le code]
Les archives officielles de la guerre d'Algérie ne sont encore que partiellement disponibles et accessibles aux chercheurs en France6, et inaccessibles en Algérie7. La loi française du 15 juillet 2008 relative aux archives8 a raccourci les délais de communication des archives publiques, y compris pour certaines archives classifiées « secret défense » communicables après un délai de 50 ans9. En 2008, au cours de la discussion de ce texte au Parlement, un amendement adopté par le Sénat français visait à prescrire un délai de 75 ans concernant les pièces « susceptibles de porter atteinte à la vie privée »10. Cette disposition, vivement critiquée par des historiens car elle aurait accru les délais de communicabilité des archives relatives à la guerre d'Algérie11, a finalement été retirée du texte au cours de son examen à l'Assemblée nationale.
Terminologie[modifier | modifier le code]
En Algérie, cette guerre est appelée également « révolution algérienne » (appellation initiale) par analogie avec les révolutions américaine, française et russe. Elle se nommera très peu de temps après son déclenchement « guerre de libération nationale » ou « guerre d'indépendance ». Le terme « révolution » est massivement adopté par le FLN à partir de 1956, année de son congrès dit de la « Soummam », en Kabylie. Le terme prendra des connotations résolument socialistes dans les premières années d'indépendance. Pour les populations algériennes dans leur ensemble, ce fut « la Guerre ».
Pour des raisons assez complexes, la France n'a reconnu qu'il ne s'agissait d'une « guerre » qu'en 1999, sous la présidence de Jacques Chirac. Toutefois, dans les textes législatifs notamment, l'expression officielle consacrée continue d'être les événements d'Algérie. Ce fait demeure unique dans l'histoire contemporaine et constitue une exception française.
Refus français de la qualification de « guerre »[modifier | modifier le code]
Cet article ou cette section peut contenir un travail inédit ou des déclarations non vérifiées.
Vous pouvez aider en ajoutant des références. Voir la page de discussion pour plus de détails.
La pertinence de cette section est remise en cause, considérez son contenu avec précaution. En discuter ? (22 mai 2013)
Le 13 décembre 1958 l'ONU ne reconnaît pas le droit de l'Algérie à l'indépendance à la suite du seul vote d'opposition de la France qui considère que le problème algérien est un problème interne12,13.
La qualification des accords d'Évian relève de la même problématique. Ces accords sont considérés comme un instrument juridique bilatéral de première importance dans les relations entre les deux pays.
À partir de cette réalité juridique, deux positions s'opposent :
la position française a longtemps été celle de refuser la qualification de guerre et même d'évoquer le moindre souvenir lié à cet épisode historique (tortures, massacres…). Le terme de guerre ne fut donc employé par les autorités françaises que très tardivement. L'adoption par le Parlement de la loi du 18 octobre 199914 consacre la reconnaissance légale de la guerre d'Algérie. Auparavant, l'expression consacrée dans le discours politique français était « les événements d'Algérie » ;
la position algérienne, au contraire, estime que l'Algérie était une ancienne entité politique sous occupation militaire française.
Le droit ne devant être que l'expression du politique, il doit donc s'y soumettre ; ainsi, la « guerre d'indépendance » n'aurait pas permis de trouver la souveraineté de l'État algérien, mais de la retrouver.
Avec la reconnaissance officielle de la guerre par la représentation nationale française15, la première position est en passe de disparaître, d'autant plus que l'expression « guerre d'Algérie » était déjà utilisée par les historiens et les journalistes français et étrangers depuis le déclenchement du conflit et que le grand public reconnaît également cette expression.
Conséquences du statut[modifier | modifier le code]
À l'époque même des faits, la France considérait qu'il ne s'agissait pas d'une guerre mais de troubles à l'ordre public et plus substantiellement des troubles contre l'ordre établi. Ces mots avaient des conséquences pratiques importantes : les insurgés ne pouvaient bénéficier du statut de prisonnier de guerre, et ce n'est que bien après la guerre que les pensions versées aux soldats français ou leurs veuves furent alignées sur celles versées dans le cas de guerres officielles16.
Reconnaissance des crimes[modifier | modifier le code]
Si la France a reconnu la guerre, seuls ont été également reconnus officiellement des actes individuels commis par les militaires sans pour autant les condamner. Le caractère organisé, systématique, massif et scientifique de la répression des Algériens suspectés d'appartenance ou de sympathie vis-à vis du FLN (tortures, exécutions sommaires, massacres, etc.) par les militaires au nom de l'État français n'a, lui, jamais été reconnu, tout comme celui de l'abandon d'un certain nombre de harkis par la France, lors des derniers jours de la guerre.
Côté algérien, à l'occasion du cinquantième anniversaire du congrès de la Soummam et des massacres de Philippeville (actuellement Skikda), le président Abdelaziz Bouteflika a reconnu dans un message du 20 août 2006 que « Notre guerre de libération nationale a été menée par des hommes et des femmes, que l'élan libérateur portait le plus souvent à un haut niveau d'élévation morale, mais elle comporte des zones d'ombre à l'instar de tous les processus de transformation violente et rapide des sociétés humaines »17. L’État algérien reconnaissait alors l'existence de faits jusque-là tabous et occultés comme la vérité sur la mort et le testament du colonel Amirouche18 ou même sur la personne qui a vendu Ali la Pointe… En 2009, il affirme que la Révolution a respecté les « Conventions internationales, dont celles de Genève19».
Conflit nationaliste et relations franco-algériennes[modifier | modifier le code]
La nation algérienne[modifier | modifier le code]
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Articles connexes : Nationalisme et Revanchisme.
L'issue de la guerre qui débouche à la fois sur l'indépendance de l'Algérie et sur l'exode de sa population de souche européenne voit poindre l'avènement de l'Algérie moderne comme État-nation, dont les frontières sont, abstraction faite de la partie saharienne, peu différentes de celles de la Régence d'Alger[réf. nécessaire].
L'indépendance est perçue par les Algériens comme un recouvrement de la souveraineté autrefois représentée par l'État de l'émir Abdelkader ou, plus tôt encore, par la Régence d'Alger[réf. nécessaire]. En réalité, la guerre d'Algérie est un conflit complexe, difficile à analyser en raison des passions qu'il ne cesse d'entretenir, et incluant un volet franco-français, celui de la guerre civile des insurrections d'Alger en 1958 et 1960 et de la guerre secrète se jouant entre l'OAS et les barbouzes du MPC, ces derniers s'étant alliés avec les nationalistes algériens20[réf. à confirmer].
Cependant, avant, pendant et bien après la guerre d'Algérie, la majorité des populations musulmanes, y compris celles qui ont adhéré à la vision du FLN, considère les Pieds-Noirs comme des Algériens à part entière, que les vicissitudes de l'histoire ont lancés sur le chemin de l'exil. La similitude des façons de penser, de voir le monde, teintés par l'extrémisme et l'ardeur, voire la passion portée à son paroxysme sans parler du langage, unit les deux communautés bien plus qu'on a tendance à le penser et ce, en dépit du déni des uns et des autres et de leur entêtement à voir les choses selon un prisme idéologique.
« La guerre des mémoires »[modifier | modifier le code]
Histoires nationales[modifier | modifier le code]
Article connexe : Concurrence des mémoires.
La guerre d'Algérie devient alors l'enjeu d'une bataille mémorielle entre la France et l'Algérie, chaque nation essayant d'imposer à l'autre sa version nationale/nationaliste des faits. De cette « guerre des mémoires »21 naît, côté français, en 2005 une polémique concernant ce que les médias locaux ont appelé, le projet de loi sur « le rôle positif de la colonisation ».
Côté algérien, outre la réplique politique de 201021, cette lutte mémorielle se manifeste, entre autres, par la production d'une série de films dénonçant la « sale guerre » menée par l'Armée française et visant à l'assimiler à une « guerre injuste » en lui opposant la lutte nationaliste algérienne, assimilable, elle, à une « guerre juste »[réf. nécessaire]. Cette production spécifique adopte le regard de l'Algérien musulman avec une galerie de personnages principaux interprétés par des acteurs franco-algériens[réf. nécessaire]. L'usage de la torture par l'Armée française contre le FLN et les communistes y est dénoncé dans le film produit par Yacef Saâdi, membre du FLN (La Bataille d'Alger en 1966).
Commémoration du 19 mars[modifier | modifier le code]
Articles connexes : Accords d'Évian, Mémorial national de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie et Place du Dix-Neuf-Mars-1962.
En France, une bataille mémorielle et politique divise en deux camps les Anciens Combattants d'Algérie, l'enjeu en est la commémoration - ou pas - de la date du 19 mars 1962 qui est celle du cessez-le feu bilatéral en Algérie22 et donc de la fin formelle de la guerre d'Algérie. Ceux qui dénoncent cette date, dont le CRI23 (Collectif des Rapatriés Internautes) soutenu par l'ADIMAD et le collectif Harkis Infos24, arguent du fait qu'il s'agit en réalité d'un arrêt formel des hostilités mais pas de la guerre d'Algérie, puisque l'OAS a poursuivi sa lutte anti-indépendantiste (bataille de Bab el Oued) en ignorant le cessez-le feu entre la France et le FLN (termes des accords d'Évian le 18 mars 1962) et que les massacres ont continué après cette date (fusillade de la rue d'Isly le 26 mars 1962, puis massacre d'Oran le 5 juillet 1962). Le sénateur Paul Girod (UMP), en quête d'un « consensus », estime à 155 000 le nombre des morts de l'après cessez-le feu dans la Question écrite n°35405 publiée dans le journal officiel du Sénat le 4 octobre 200125.
Les partisans de la commémoration du 19 mars soutiennent la proposition pendant une décennie, comme en atteste le dossier de 2005 portant sur la « journée nationale du souvenir de la guerre d'Algérie »26. Initialement, le 9 février 2000 Bernard Charles (Radical-citoyen-vert) dépose une proposition de loi « tendant à instituer une journée nationale du souvenir des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie. » fixée par l'Article 2 au 19 mars27, entre 2000 et 2001. Cette proposition est redéposée par Jean-Pierre Soisson (UMP)28, Alain Bocquet (Parti communiste français)29, Jean-Pierre Michel (Radical-citoyen-vert)30, Alain Néri (Parti Socialiste)31 et Didier Julia(UMP)32. Le texte n°762 dit « petite loi » est adopté par l'Assemblée nationale en première lecture le 22 janvier 200233.
La FNACA fait valoir que la date du 5 décembre, retenue par le président de la République Jacques Chirac en 2003 en référence à l'inauguration d'un mémorial national d'AFN quai Branly en 2002, n'a aucune valeur historique. Au-delà de cette querelle de dates, il s'agit de célébrer — ou pas — une victoire ou une défaite.
En 2003, le maire de Paris, Bertrand Delanoë (Parti socialiste), commémore le cessez-le feu en baptisant une voie « place du Dix-Neuf-Mars-1962 ». De même, il existe des « rue du 19-mars-1962 » et « avenue du 19-mars-1962 » en France.
Depuis une loi française du 6 décembre 2012, le 19 mars, « jour anniversaire du cessez-le-feu en Algérie », est déclaré « journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc »34.
Accusations réciproques de « crimes contre l'humanité »[modifier | modifier le code]
Articles connexes : Crime contre l'humanité, Torture pendant la guerre d'Algérie et Attentats pendant la guerre d'Algérie.
La pertinence de cette section est remise en cause, considérez son contenu avec précaution. En discuter ?
Cette querelle franco-française liée à la date 19 mars se prolonge, le 29 avril 2010, avec la proposition de loi de Thierry Mariani (UMP) « visant à établir la reconnaissance par la France des souffrances subies par les citoyens français d'Algérie, victimes de crimes contre l'humanité du fait de leur appartenance ethnique, religieuse ou politique »35.
La question de la repentance est une des constantes des relations franco-algériennes. Dès 1964, des voix se sont élevées pour condamner l'amnistie totale et générale accordée à tous les criminels de guerre et auteurs de crimes contre l'humanité durant le conflit.
Du côté officiel algérien, on observe le mutisme absolu et le gouvernement élude systématiquement et invariablement toute accusation de génocide envers l'armée française. Au niveau des manuels scolaires en usage en Algérie, les crimes colonialistes français en Algérie sont qualifiés de génocide et de crimes contre l'humanité depuis 1979. Un manuel d'histoire datant de 1985, retiré depuis une dizaine d'années, va encore plus loin en qualifiant la colonisation de vaste processus de destruction de la vie et de la culture de l'homme sur terre.
En 1999, 2004 et en 2007, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a, en différentes occasions, qualifié la colonisation française de génocide culturel et a appelé la France à assumer son histoire en présentant des excuses formelles.
Le 13 janvier 2010, le député FLN Moussa Abdi, l'un des deux cents députés de la chambre basse du parlement algérien, dans une proposition de loi au parlement algérien, déclare : « nous envisageons de créer des tribunaux spéciaux pour juger les responsables de crimes coloniaux ou de les poursuivre devant les tribunaux internationaux »36. Un article du Figaro du 10 février 2010 résume la situation en ces termes :
« Cent vingt-cinq députés de différents partis politiques algériens, dont le FLN au pouvoir, ont signé une proposition de loi criminalisant le colonialisme français (1830-1962)37. »
Cette initiative se voulait comme une réponse indirecte à la loi française sur le rôle positif de la colonisation de 2005.
Qualification des combattants[modifier | modifier le code]
Le conflit armé qui débute le 1er novembre 1954 est qualifié de « Glorieuse Révolution » dans les discours officiels de la Présidence algérienne38. Les agents du FLN se définissent comme des « résistants », alors que les autorités politiques françaises les qualifient de « rebelles ».
Parallèlement, en France, les manifestations d'hommage aux anti-indépendantistes, désignés dans la presse de l'époque comme des « activistes »20 mais qualifiés par l'ADIMAD(association proche de l'OAS) de « partisans patriotes de l’Algérie française », crée une controverse soulevée par l'association de gauche LDH[réf. nécessaire] et le quotidien algérienEl Watan en 2005 (affaire de la stèle de Marignane) et 2006 (affaire de la flamme du soldat inconnu)[réf. nécessaire].
Contexte socio-économique[modifier | modifier le code]
Société algérienne[modifier | modifier le code]
Évolution démographique[modifier | modifier le code]
Contrairement à des colonies de peuplement telles les États-Unis (Amérindiens) ou l'Australie (Aborigènes d'Australie), la population indigène, diminue sensiblement entre 1830 et1868 puis croît fortement durant la colonisation française de l'Algérie entre 1880 (environ 3 millions de musulmans, pour environ 500 000 non-musulmans) et 1960. À cette date, l'Algérie compte environ 9,5 millions de musulmans et environ 1 millions d'Européens non-musulmans.
Les villes sont traditionnellement peuplées surtout d'Européens mais la population musulmane urbaine progresse pendant toute la première moitié du xxe siècle. En 1954, certaines villes sont à majorité musulmane comme Sétif (85 %), Constantine (72 %) ou Mostaganem (67 %).
L'espérance de vie en 1958 s'élevait à 60 ans pour les hommes et 67 ans pour les femmes (contre respectivement 67 ans et 73 ans en France métropolitaine) toutes populations confondues. La mortalité infantile est très élevée en Algérie. Elle diminue fortement pour les populations européennes entre 1946 et 1954 (environ 50 pour 1000), mais reste très forte pour les musulmans (environ 85 pour 1000 en 1954)39.
Droit commun et droit coranique[modifier | modifier le code]
Articles connexes : Sénatus-consulte du 14 juillet 1865, Décret Crémieux et Projet Blum-Viollette.
Scènes de rue à Alger, quartiers européen et musulman (Bab el Oued et Casbah), avant lesévènements de novembre 1954.
En 1954, la population des départements d'Algérie est composée de deux catégories distinctes de Français au statut civil inégal (Sénatus-consulte du 14 juillet 1865). D'une part, un million de « citoyens français de statut civil de droit commun » (les « Européens », surnommés « Pieds-Noirs ») qui étaient installés en Algérie souvent depuis plusieurs générations (l'arrivée des premières familles européennes datant de 1830) et auxquels étaient associés les indigènes juifs (excepté pour la période du statut des Juifs de 1940 à 1943 avec l'abrogation du Décret Crémieux). D'autre part, près de neuf millions de « citoyens français de statut civil de droit coranique » (les « musulmans » ou « indigènes »).
Cependant, si les citoyens français de statut civil de droit commun jouissaient exactement des mêmes droits et devoirs que leurs compatriotes métropolitains, les citoyens français de statut civil de droit coranique qui avaient les mêmes devoirs (étant de nationalité française ils étaient mobilisables par le contingent), étaient privés d'une partie de leurs droits civiques (ils votaient au Second collège électoral où leur voix exprimée avait moins de valeur que celle des votants au Premier collège, citoyens de statut civil et notables musulmans).
L'arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle en 1958 uniformise le statut des citoyens français d'Algérie par l'adoption (en 1962) du collège unique qui aboutit à l'indépendance de l'Algérie à la suite de sa mise au vote par référendum.
Économie algérienne[modifier | modifier le code]
En Algérie, depuis les années 1930, près d'un million de Pieds-Noirs y vivent dont quelques milliers possèdent les meilleures terres agricoles.
Population et répartition de la propriété en Algérie40
Musulmans
Pieds-Noirs
Total
Surface (ha)
9 196 000
1 136 000
10 332 000
% des terres agricoles
75
25
100
% de la population totale
89
11
100
% de la population agricole
98
2
100
De nombreux agriculteurs européens sont des viticulteurs (400 000 ha consacrés à la vigne en Algérie) dont les productions sont exportées surtout vers la France métropolitaine qui l'achète assez cher (selon Daniel Lefeuvre) pour maintenir le niveau de vie des colons. L'agriculture n'occupe que 9 % de la population active française (contre 26 % en métropole) mais les paysans d'origine française occupent l'essentiel des meilleures terres cultivables.
L'essentiel de la population musulmane est pauvre. Ce sont essentiellement de petits propriétaires terriens vivant sur les terres les moins fertiles, ou des journaliers. Dans les années 1950, les surfaces cultivables stagneraient autour de 7 millions d' ha. La production agricole augmente peu entre 1871 et 1948, contrairement au nombre d'habitants. Selon Daniel Lefeuvre, la production annuelle de céréales passe de 3,88 quintaux/hab à 2q/hab. L'Algérie doit donc importer des produits alimentaires.
Le chômage est important, 1,5 millions de personnes sans emplois en 1955. La commune d'Alger aurait compté 120 bidonvilles avec 70 000 habitants en 1953.
Si la population musulmane est majoritairement pauvre, Daniel Lefeuvre rapporte qu'environ 600 000 Algériens musulmans "appartiennent aux groupes sociaux les plus favorisés" (grands propriétaires fonciers, professions libérales, membres de l'armée et de la fonction publique)41.
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Économie française[modifier | modifier le code]
La France vit alors une période de très forte croissance, les Trente glorieuses, marquées par un boom de l'investissement et de la consommation, qui n'est pas perturbé par autres les autres tensions géopolitiques apparues en 1955 et 1956: indépendance du Maroc et de la Tunisie, ou nationalisation du canal de Suez.
Contexte politique[modifier | modifier le code]
Côté français[modifier | modifier le code]
L’évolution vers un engagement européen, contradictoire avec le maintien de l’ancien Empire[modifier | modifier le code]
Le 18 avril 1951, la France signe le traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). Le 27 mai 1952, le traité instituant la Communauté européenne de défense (CED) est adopté par le gouvernement français (mais ne sera pas ratifié par le Parlement). Le 1er juin 1955 se tient la conférence de Messine préparant le traité de Rome du 25 mars 1957 qui institue la Communauté économique européenne, prélude à l’Union européenne d’aujourd’hui, née le 7 février 1992.
À la suite de la Seconde Guerre mondiale, la France s'engage résolument dans une politique européenne qui dessine l'avenir de la nation. Au début de la guerre d'Algérie, des forces politiques encore puissantes essayent de maintenir ce qui reste de l'Empire colonial français, mais les conséquences du choix du Président de Gaulle pour la France sont inexorables. Le Président de Gaulle se prononce pour l'autodétermination de l'Algérie le 16 septembre 1959.
La fin de la guerre d'Indochine et la décolonisation de l'Union française[modifier | modifier le code]
Articles connexes : Union française et Sénatus-consulte du 14 juillet 1865.
Le conflit s'inscrit dans le cadre du processus de décolonisation qui se déroule après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour la France, cela concerne entre autres les colonies françaises d'Indochine (guerre d'Indochine de 1946-1954), la Guinée, Madagascar (insurrection malgache de 1947), l'Afrique-Équatoriale française et l'Afrique-Occidentale française, ainsi que les protectorats du Maroc et de la Tunisie.
Prémices de cette guerre, les massacres de Sétif et Guelma, le 8 mai 1945, alors qu'est fêtée en Europe la victoire des Alliés contre le nazisme, font entre 10 000 et 20 000 morts selon les divers travaux historiques — les nationalistes algériens ayant parlé sur l'heure de 45 000 victimes42, et les États-Unis eux-mêmes43 de 40 000 morts à la suite de manifestations44. L'Armée française qui doit rétablir l'ordre le fait sans ménagement pour la population civile. La marine et l'aviation sont ainsi engagées pour bombarder les populations civiles.
Dans son rapport, le général Duval, maître d'œuvre de la répression, se montra prophétique : « je vous donne la paix pour dix ans, à vous de vous en servir pour réconcilier les deux communautés »45,46.
L’impossibilité des réformes sous la IVe République[modifier | modifier le code]
La principale cause du déclenchement de cette guerre réside dans le blocage de toutes les réformes, dû au fragile équilibre du pouvoir sous la IVe République, et à l'opposition obstinée de la masse des Pieds-Noirs et de leurs représentants hostiles à toute réforme en faveur des musulmans.
Alors que des dizaines de milliers d’habitants de l'Algérie française, estimés à 68 000 combattants, ont participé à la libération de la France et que plusieurs intellectuels revendiquent l’égalité des droits, les habitants musulmans de l'Algérie française sont à l'époque considérés comme des citoyens de second ordre, alors même que le régime de l'indigénat est abrogé en théorie en 1945.
En 1947, l'application du nouveau statut de l'Algérie française fut presque ouvertement faussée par l'administration, qui fit arrêter les « mauvais » candidats et truqua les résultats en faveur des intransigeants, au point que certains furent élus çà et là par plus de 100 % des inscrits.
Pendant les douze mois qui précédèrent le déclenchement du 1er novembre, ce ne sont pas moins de 53 attentats (« anti français ») qui furent commis47.
Les combattants européens d'Algérie dans l'armée française[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Unité Territoriale et Groupe d'autodéfense (guerre d'Algérie).
Les combattants musulmans d'Algérie dans l'Armée française[modifier | modifier le code]
En 1960, 85 000 musulmans (appelés, engagés, militaires d'active, appelés FSNA ou Français de souche nord-africaine) servaient dans l'Armée régulière plus environ 150 000 supplétifs (60 000 harkis, 62 000 GAD, 8 600 GMS et 19 000 Mokhaznis) soit au total près de 235 000 musulmans combattant aux côtés des soldats français.
Au total, un peu plus de 110 000 FSNA furent incorporés dans l'armée régulière de 1956 à 196148.
Le 19 mars 1962, jour du cessez-le-feu, selon le rapport à l'ONU du contrôleur général aux armées Christian de Saint-Salvy, on dénombrait en Algérie, 263 000 musulmans engagés du côté français (60 000 militaires (FSNA), 153 000 supplétifs dont 60 000 harkis et 50 000 notables francophiles) représentant, familles comprises, plus de 1 million de personnes menacées sur 8 millions de musulmans algériens49.
L'Armée française recruta également environ 3 000 anciens éléments du FLN et de l'ALN dont certains formèrent le célèbre Commando Georges du lieutenant Georges Grillot. La plupart d'entre eux furent victimes de représailles à partir de 196250.
Selon Maurice Faivre, on comptait ainsi quatre fois plus de combattants musulmans dans le camp français que dans celui du FLN51.
Côté algérien[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Mouvement national algérien.
Mouvement national algérien pour la revendication au droit[modifier | modifier le code]
Messali Hadj
Ben Badis d'après Bachir Yellès
Au début du xxe siècle, plusieurs dirigeants algériens exigent de la France le droit à l'égalité ou à l'indépendance. Plusieurs partis vont être créés et plusieurs pamphlets seront écrits pour défendre le droit pour les algériens. Plusieurs penseurs algériens vont villipender les plus importantes personnalités du régime colonial français. La plupart des figures du mouvement algérien vont être surveillées de près par les services policiers français, d'autres seront exilées vers d'autres pays comme l' a été l'émir Khaled El-Hassani Ben El-Hachemi en Égypte puis en Syrie.
Malek Bennabi52, Mohamed Hamouda Bensai, Saleh Bensai, Messali Hadj53, Ben Badis54, Mohamed Bachir El Ibrahimi, Fodil El Ouartilani, Larbi Tébessi, Ferhat Abbas, Omar Ouzeggane, etc., tous vont diverger entre eux sur la question algérienne, cela provoquera l'émergence de plusieurs associations et partis algériens: Parti de la réforme ou mouvement pour l'égalité, Association des oulémas musulmans algériens, association de l'Étoile nord-africaine, le parti Parti du peuple algérien, Amis du Manifeste des Libertés,Parti communiste algérien, etc.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le plan Marshall prévoit une aide économique à la France et l'Algérie.
Le massacre du 8 mai 1945[modifier | modifier le code]
Général de Gaulle, Président du gouvernement provisoire jusqu'en octobre 1945
Article détaillé : Massacres de Sétif et Guelma.
Le 8 mai 1945 ont lieu des manifestations d’Algériens dans plusieurs villes de l’Est du pays (Sétif, et le Constantinois), qui devaient permettre de rappeler leurs revendications nationalistes, de manière concomitante avec la liesse de la victoire. À Sétif, après des heurts entre policiers et nationalistes, la manifestation tourne à l’émeute et la colère des manifestants se retourne contre les « Français » : 27 Européens et juifs sont assassinés (103 trouveront la mort dans les jours suivants), ainsi que 700 musulmans. La répression de l’Armée française est brutale.
Officiellement, elle fait 1 500 morts parmi les musulmans, chiffre sous-estimé et probablement plus proche des 20 000 à 30 000 selon l’historien Benjamin Stora. Le Parti du peuple algérien (PPA) estime qu'il y a eu 45 000 morts55. Du fait de la radicalisation qu'ils ont engendrée dans les milieux nationalistes algériens, certains historiens considèrent ces massacres comme le véritable début de la guerre d'Algérie56.
De 1945 à 1954[modifier | modifier le code]
À la suite de la mort suspecte[réf. nécessaire] de Ben Badis en 1940, à l'emprisonnement de Messali Hadj et à l'interdiction du Parti du peuple algérien, le parti Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques revendique après le statut de l'égalité l'indépendance de l'Algérie en 1948. L 'Association des oulémas musulmans algériens est alors interdite. L'Organisation spéciale apparait et a pour but de rassembler les armes pour le combat. Mohamed Belouizdad fut le premier chef de l'organisation clandestine. Hocine Aït Ahmed prend ensuite la tête de l'Organisation et continue à œuvrer pour l'achat des armes. La poste d'Oran est attaquée par les membres de l'OS.
Ahmed Ben Bella prend la place de Hocine Aït Ahmed en 1949. Le plan de l'organisation est dévoilé et une chaîne d'arrestations est entamée par les autorités françaises en 1950. Le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques nie tout relation avec l'Organisation spéciale afin d'éviter les arrestations.
Le CRUA,fondé en mars 1954, organisera la lutte armée. Le parti du Mouvement national algérien est fondé en juillet 1954 par les messalistes57. Par la suite, le Front de libération nationale (Algérie) est fondé en octobre 1954 par la branche du CRUA (Comité révolutionnaire d'unité et d'action).
Le Front de libération nationale (Algérie) et le Mouvement national algérien rivalisent non seulement pour prendre le contrôle de la révolution mais surtout pour la représentation du futur État. Messali Hadj sera libéré de prison en 1958 et sera assigné à résidence surveillée en France.
Le Front de libération nationale[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Front de libération nationale.
« Groupe des six », chefs du FLN. Photo prise juste avant le déclenchement des hostilités le 1er novembre 1954. Debout, de gauche à droite : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd,Didouche Mourad et Mohamed Boudiaf.Assis : Krim Belkacem à gauche, et Larbi Ben M'Hidi à droite.
Fichier:Le Monde 3 novembre 1954 (guerre d'Algérie).jpg
La « Une » du journal Le Monde,
3 novembre 1954, au surlendemain de la « Toussaint rouge », ensembles d'opérations pour lesquelles « l'effet de surprise a été total », écrit le journal.
En 1954, l’Algérie compte approximativement huit millions d'autochtones et un peu plus d'un million de « Français d'Algérie » (Pieds-Noirs et Juifs d'Algérie naturalisés).
La lutte pour l'égalité des droits est engagée depuis longtemps par des intellectuels, et en particulier par le mouvement des oulémas. Le recours au combat est initié par le « Front de libération nationale » (FLN), une organisation nationaliste algérienne basée en Algérie et à l'extérieur. Le FLN commence ses actions en 1954, seulement deux ans avant que la Tunisie et le Maroc obtiennent leur totale indépendance par la négociation (la Tunisie et le Maroc n'étaient pas des colonies mais des protectorats). Quelques hommes politiques français d'extrême gauche, appelés les « porteurs de valises », soutinrent ce mouvement (envoi d'armes et d'argent)58.
Dès 1954, le combat armé pour l'indépendance de l'Algérie par le FLN se traduit par des exactions contre les populations civiles d'origine européenne et autochtone ainsi que par une guérilla, des maquis et des affrontements avec l'Armée française, qui comprend également des unités de supplétifs musulmans appelés « harkis » (cf. Harkis pendant la guerre d'Algérie). Le 1er novembre 1954 des civils européens et musulmans sont assassinés par le FLN, dont l'instituteur Monnerot. Cet assassinat marquera profondément les consciences des Algériens et Européens d'Algérie.
Minoritaire au début, voire totalement ignoré des populations musulmanes, le FLN utilise la terreur, la torture, les mutilations (menaces de mort pour les « traîtres ») pour contrôler les populations civiles, qui sont ainsi très tôt prises pour cibles dans des attentats ou des massacres comme à El Halia, petit village minier près de Philippeville en août 1955, et pour susciter chez les Européens une répression[réf. nécessaire]. Ceci provoqua un début d'internationalisation des évènements d'Algérie et un début de scission entre communautés, créé par la répression aveugle et l'usage disproportionné de la violence.
L'historien Omar Carlier note que « de 1955 à 1958, plusieurs milliers d'hommes sont tombés, et davantage encore ont été blessés, en France et en Algérie, dans l'affrontement entre le Mouvement national algérien (MNA) et le FLN », cependant que d'autres encore sont morts dans les brefs combats qui ont opposé le Parti communiste algérien (PCA) et le FLN59 ».
L’appel au peuple algérien[modifier | modifier le code]
Le 1er novembre 1954, le Secrétariat général du Front de libération nationale diffuse la Déclaration du 1er novembre 1954 grâce un appel radiophonique60 destiné « au peuple algérien » et écrit afin d'« éclairer sur les raisons profondes qui [les] ont poussés à agir en […] exposant [le] programme [du FLN], le sens de [son] action, le bien-fondé de [ses] vues dont le but demeure l’indépendance nationale dans le cadre nord-africain. ». Il décrit son action comme « dirigée uniquement contre le colonialisme, seul ennemi aveugle, qui s’est toujours refusé à accorder la moindre liberté par des moyens de lutte pacifique. ». Le FLN exige donc que les « autorités françaises […] reconnaissent une fois pour toutes aux peuples qu’elles subjuguent le droit de disposer d’eux-mêmes » sans quoi il annonce « la continuation de la lutte par tous les moyens jusqu’à la réalisation de [son] but […] la restauration de l’État algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques. » Le FLN appelle l'ensemble des communautés d'Algérie, quelles que soient leurs confessions, à rejoindre sa cause.
Les combattants Européens d'Algérie dans le F.L.N.[modifier | modifier le code]
Daniel Timsit, est un étudiant en médecine61 et militant du Parti communiste algérien, qui, en désaccord avec ce dernier62 rejoint clandestinement le FLN afin d'y constituer « une « branche européenne » regroupant des militants pieds-noirs, chrétiens et juifs »62. Les membres du réseau Timsit prennent part à la mise en place de laboratoires d'explosifs63 (élaboration de bombes à retardement) et à la lutte armée62. Timsit est incarcéré en 1956.
L'aspirant du Train Henri Maillot déserte son unité le 4 avril 1956 en emportant avec lui un camion d'armes et de munitions qu'il remit aux combattants du FLN dans la vallée du Chéliff. Il fit partie des combattants du FLN avec lesquels il participa à des combats contre des unités de l'armée française jusqu'à sa mort en juin 1956, peu après sa capture et son exécution sommaire par des légionnaires.
Danièle Minne, poseuse de bombe à l'Otomatic pour le compte du FLN, et complice de l'attentat à la bombe contre le Milk Bar, militante active de la cause algérienne, amnistiée en 1962.
Pierre Ghenassia, jeune militant juif communiste qui s'engage dans le FLN à l'âge de 17 ans et mourut au combat[réf. nécessaire].
Les soutiens étrangers au FLN[modifier | modifier le code]
Articles connexes : Panarabisme, Nassérisme et Crise de Suez.
Le FLN bénéficie de plusieurs soutiens étrangers, d'abord de la part des « pays frères », le royaume du Maroc et la république de Tunisie, qui échappant au statut de protectorats français en 1956 et dont les territoires de leurs confins frontaliers respectifs avec l'Algérie jouent le rôle de sanctuaires et de bases arrières. Cette complicité conduira à la bataille des frontières, qui amènera les Français à édifier sur la frontière algéro-tunisienne la fameuse Ligne Morice ainsi que la Ligne Challe. Autres conséquences, l'arraisonnement de l'avion de Ben Bella et l'affaire de Sakiet qui, elle, débouche sur le coup du 13 mai 1958 à Alger et la chute de la Quatrième République.
La Libye joue un rôle clé dans l'organisation des convois d'armes à destination des maquis algériens.
Le soutien au FLN vient d'un autre pays arabe, l'Égypte, où le lieutenant-colonel Nasser prône une politique de panarabisme (nassérisme), et, bénéficiant de l'appui soviétique, fournit des armes au FLN. Les services secrets français (SDECE) qui surveillent le raïs, parviennent à démontrer l'aide militaire fournie au FLN par l'Égypte. Ainsi est arraisonné le cargo Athos transportant plus de 70 tonnes d'armes tchèques le 24 octobre 195664. Faisant valoir le soutien apporté par l'Égypte au FLN, la France planifie avec ses alliés israéliens et britanniques la campagne de Suez.
Globalement, la plupart des pays membres de la Ligue arabe, ceux du bloc afro-asiatique et les pays d'Europe de l'Est ont soutenu l'indépendance de l'Algérie.
Des pays d'Europe de l'Est comme la Yougoslavie (le maréchal Tito soutient dès le début l'insurrection algérienne), la Tchécoslovaquie et la Hongrie soutiendront activement le FLN de 1957 à 1962 en fournissant la plupart des armes à destination des maquis internes de l'ALN
Il faut souligner également le rôle assez important assumé par les forces de la gauche italienne, toutes tendances confondues, dans leur soutien moral à la cause algérienne.
L'appel aux puissances étrangères, c'est enfin le recours aux instances de l'ONU, où le FLN parvient à faire inscrire « la question algérienne » à l'ordre du jour de la commission politique des Nations Unies65,66. Les Américains proposent une médiation, ce sont « les bons offices », qui sont par ailleurs rejetés par la France.
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